mercredi 3 novembre 2010

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L'absence raisonnait de plus en plus fort autour de leurs jambes fatiguées. Un bébé n'est rien qu'un devenir et ne peut combler ce silence, au début si évident, puis oppressant à mesure du temps qui passe. Il n'y avait autour de la route que des arbres tristes qui laissaient leurs branches pendre vers le sol sans même les rattraper.

Yuuhi parfois pleurait, cela ne faisait que les étonner, eux qui n'avaient de l'enfance plus que de vagues images difficiles à saisir, coincées entre une pensée amère et un nom de ville. Il fallait alors glisser entre ses lèvres un doigt, qu'elle tétait avec un vilain bruit de succion. Les yeux fermés, la concentration fixée sur le point de plaisir.

Il ne restait que des bribes, et où que leurs regards s'arrêtent, des filaments gris passaient, partaient, laissaient un goût vanillé. Face à l'évanouissement du monde, ils n'opposaient rien: ils n'étaient eux-même déjà plus que des ombres, des apparences sans doute. Les liens qui autrefois s'étaient tissés si complexes s'effilochaient pour laisser place à l'ahurissement d'une solitude engourdie. Voilà le néant, et ce vide empêche les volontés de s'accomplir. Cette histoire va finir, elle qui n'avait commencé que par une mort incapable de donner la vie à autre chose qu'un flou imbécile. Flou, flou, mais qui sont-ils pour ne pas vouloir? Les gens qui vivent ont compris comment faire pour ne pas se perdre, eux en sont incapables, aussi peu capables que de mourir, la mort est encore une volonté, elle est dure comme de la pierre et provoque des marées.

Voyez-les partir. Je ne les sens plus au bout de mes doigts.

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